Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Turkey Under Construction : urban megaprojects in the process of establishing a new country and creating a new nation

Résumé, Comme un « nouvel animal politique et matériel », les mégaprojets urbains (MPUs) représentent aujourd’hui une réalité urbaine répandue tout autour du monde. Depuis, les MPUs ne cessent de transformer la ville, ainsi que la vie sociale et politique du pays, notamment à travers les politiques économiques qui visent à maintenir le secteur de la construction et, par la même occasion, contribuent fortement à l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie conservatrice proche du gouvernement d’AKP. L’objectif de cette thèse est de comprendre comment un objet technique sert comme une nouvelle « technologie du pouvoir » qui transforme non seulement des geographies, mais aussi profondément les entités sociales. Pour cela, elle propose d’étudier deux mégaprojets d’infrastructure, dont le pont de Yavuz Sultan Selim et le Grand Aéroport d’Istanbul. Cette thèse propose de suivre une approche complémentaire à cette littérature, qui considère la mobilisation des investissements de l’Etat de mégaprojets urbains par le gouvernement comme une méthode stratégique pour recréer et distribuer la rente foncière, pour stimuler l’économie, pour gouverner à la fois le discours politique et la narration développementaliste, et, enfin, pour restructurer les relations socio-spatiales et la mémoire collective. Dans cette approche, les infrastructures sont conceptualisées dans le contexte plus général des assemblages du capital et du pouvoir, où elles ont la capacité de transformer non seulement les terres, mais aussi les relations de nature sociale. Ainsi, la théorie de l’assemblage est mobilisée pour étudier ces différents aspects des mégaprojets urbains, tant du point de vue des acteurs qui y sont impliqués dans et touchés par ces derniers, que du point de vue des symboles et des idées qui les entourent. L’argument principal de cette thèse est que l’investissement des infrastructures de grande ampleur offre au gouvernement Turc, un ensemble d’outils, de politiques, de moments et d’espaces stratégiques et tactiques, qui permettent d’intervenir sur le plan économique et de légitimer les discours hégémoniques, tout en transformant le pays et la société en profondeur et de manière incontournable, à travers du « béton ». La première partie qui porte sur la capacité transformative des infrastructures, analyse la mobilisation de divers mécanismes autour des deux projets étudiés, tels que les modifications législatives, l’expropriation des terres et des ressources naturelles, les contrats publics pour le développement d’infrastructures urbaines et les partenariats public-privé dans le secteur de la construction. La deuxième partie porte sur la manière dont AKP a réinventé les mégaprojets d’infrastructure présumément pour contribuer au développement et à la pérennisation d’une nouvelle bourgeoisie conservative. La troisième et dernière partie explore enfin le contexte commun des dirigeants politiques et économiques de la Turquie, à travers l’analyse des waqfs. Elle montre que comme le point focal des « aspirations et des visions grandissantes » d’Istanbul, les mégaprojets urbains constituent également le terrain de réinvention de l’identité nationale. Cette identité réinventée est en réalité une réincarnation des origines Ottomane, Islamique et Turkic de la Turquie et est animée par les symboles, les rituels et les représentations fondées sur la glorification d’un passé ottoman. En somme, alors que « l’économie du don » qui est remodelé à l’ère d’AKP autour de secteur de la construction permet à certains groupes sociaux de s’encastrer dans le système politique et économique, elle produit également de l’exclusion pour des groupes dissidents., Jury,

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  • M. Hamit Bozarslan (Directeur de thèse), EHESS
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  • M. Thomas Faist, University of Bielefeld
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  • Mme Vanesa Castan Broto, University of Sheffield
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  • Mme Martine Drozdz, CNRS
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  • M. Laurent Dissard, Université de Pau et des Pays de l’Adour
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  • M. Jean-François Pérouse, Université Toulouse Jean Jaurès
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  • M. Eric Verdeil, IEP Paris
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