Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Séjourneurs d'affaires intermédiaires. Les hommes d'affaires libanais dans la Région du Kurdistan d'Irak émergente - 2004-2014

Résumé, De 2004 à 2014, la région kurde d’Irak – qui devient constitutionnellement la Région du Kurdistan d’Irak (RKI) en 2005 – connait ce qui pourrait être qualifié de ses « Dix Glorieuses ». Jusqu’alors considérée comme un territoire en marge du pouvoir central de Bagdad sous le régime de Saddam Hussein, elle se révèle rapidement devenir le nouveau pôle fort économique du pays. Ses ressources naturelles, sa stabilité sécuritaire et son intégration dans les marchés mondiaux lui permettent de s’offrir une précieuse image de nouvel Eldorado proche-oriental auprès des investisseurs internationaux.   Très réactifs, les Libanais sont parmi les premiers à s’intéresser à ce jeune « marché émergent ». Présents pour les premiers dès 2004 et formant une communauté de 2 700 individus dix ans plus tard, ils comptent dans leurs rangs plusieurs centaines d’entrepreneurs ainsi que des cadres de 175 compagnies du pays des Cèdres envoyés pour ouvrir et diriger des filiales locales. Hors Turquie et Iran, pays voisins de la RKI dont une importante partie de la population est elle-même kurde, le Liban est ainsi le plus gros pourvoyeur d’investisseurs étrangers dans la région, sur un total de 83 pays à y être représentés par des entreprises privées.  La présente thèse s’intéresse dès lors à l’expérience de « collaboration » libano-kurde, implicite et circonstanciée, mise en place sur la décennie. Elle se propose d’explorer en quoi, et comment, la présence et les activités des hommes d’affaires libanais dans la RKI s’articulent avec l’économie politique et les pratiques sociales locales, dans un contexte particulier d’émergence économique et de construction « quasi-étatique ». Les rapports personnels et professionnels que ces acteurs entretiennent avec la population et les institutions kurdes, les contraintes auxquelles leur présence est soumise, les dimensions spatiales et temporelles dans lesquelles ils se projettent, les dynamiques et stratégies selon lesquelles ils organisent leurs activités, et la conjugaison de leurs réseaux avec leur statut de migrants sont autant d’axes de réflexion abordés par ce travail de recherche. Dans un contexte politique, régional et international qui reste précaire, rendant tout horizon incertain autant pour les Kurdes que pour les investisseurs libanais, l’analyse proposée rend ainsi compte de l’émergence malgré tout d'un système de transactions, avec ses règles, ses modes spécifiques d'action, ses manières d'être et de vivre.   L’étude menée, de nature qualitative, repose sur une enquête de terrain de deux ans, précédée d’une période d’ « imprégnation » d’un an en tant qu’enseignant dans une école libanaise à Erbil. Elle s’appuie principalement sur une série d’observations effectuées dans la capitale kurde d’Irak, sur une collection de données administratives locales inédites et sur la conduite d’entretiens individuels semi-directifs avec les acteurs concernés. Parmi ces derniers, quarante-cinq hommes d’affaires libanais (trente-deux entrepreneurs et treize cadres d’entreprises multinationales), quatorze hauts fonctionnaires de divers ministères et services administratifs kurdes, et des responsables d’institutions économiques locales diverses.   Une itération entre données empiriques et théoriques, mobilisant notamment les notions de « séjour », de « circulation » et de « minorité intermédiaire », mais aussi et surtout distinguant entre « affaires dans la migration » et « migration dans les affaires », résulte finalement, par un processus de synthèse et d’ajustements constants, sur la formulation d’une hypothèse théorique : celle des séjourneurs d’affaires intermédiaires. Cette dernière offre alors de nouvelles perspectives comparatives., Jury,

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  • M. Hamit Bozarslan (Directeur de thèse), EHESS
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  • Mme Myriam Catusse, CNRS
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  • M. Ahmet Insel, Université Galatasaray
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  • M. Eberhard Kienle, CNRS
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  • M. Franck Mermier, CNRS
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  • Mme Leila Vignal, Université Rennes 2
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