Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

La grande stratégie de la République islamique d'Iran : le cas des négociations sur le programme nucléaire iranien (2003-2015)

Résumé

,

Cette thèse de théorie des relations internationales (RI) a pour objectif d’étudier l’influence de la situation géopolitique de l’Iran sur la pratique de la grande stratégie iranienne par les élites politiques de la République islamique d’Iran (RII). Par grande stratégie, nous entendons les politiques à travers lesquelles un État définit son rapport à la scène internationale.  Nous avons donc exploré les contraintes systémiques que génère l’appartenance de l’Iran à un type de région géographique, ici, le Moyen-Orient, et que les géopoliticiens nomment « shatterbelt » (et dont les unités sont les « États pivots »). Ces régions possèdent des atouts stratégiques, militaires, économiques ou idéationnels, qui sont convoités par au moins deux grandes puissances. Ainsi, les « shatterbelts » sont prises dans le chevauchement de sphères d’influence.  Les effets structurants de l’expérience de « pivot » en République islamique d’Iran constituent l’un des principaux résultats de cette recherche. À l’aide d’outils d’analyse qualitative – les idéaux-types wébériens construits sur l’exploitation de travaux d’historiens –, nous avons développé l’idée selon laquelle les élites politiques de la RII héritaient de leurs prédécesseurs d’un « dilemme de sécurité », ainsi que d’un répertoire d’action collective pour le gérer. Ce répertoire de référence se décline en trois postures principales : « Manœuvrer dans l’ordre des puissances », « Contester l’ordre des puissances », « Se conformer à l’ordre des puissances ». Chacune de ces trois postures comprend un éventail d’actions. Nous avons identifié les traces de cet héritage à travers notre cas d’étude relatif aux négociations sur le programme nucléaire iranien (2003-2015). Le répertoire d’action collective de référence structure, jusqu’à un certain point, les élites politiques de la RII. Nous avons aussi eu l’occasion d’observer des innovations de répertoire, ainsi que des pratiques tout à fait extérieures au répertoire référentiel de l’Iran. Néanmoins, l’étude de cas nous a informée d’une incontestable inertie des manières de voir et de faire, qui s’explique par l’héritage d’expériences et de perceptions transmises depuis l’ère de Reza Shah. Enfin, il ressort que la culture stratégique iranienne du « pivot » semble, par certains aspects, caduque et inadéquate aux évolutions de l’ère post-11 septembre (renforcement des régimes internationaux de « lutte contre le terrorisme » et de non-prolifération nucléaire ; interdépendance économique croissante ;  évolution de la sécurité), si bien que l’Iran ne dispose plus d’une marge de manœuvre véritable dans la compétition entre les grandes puissances. Cette thèse, qui valorise une approche systémique, apporte un argument alternatif au discours dominant selon lequel les déterminants du comportement de la RII trouvent principalement leurs sources dans les facteurs internes à l’État (nature du régime, culture religieuse chiite des élites politiques etc.). Dans le même temps, le concept de « pivot » valorise les phénomènes de hiérarchie dans le système international, par opposition au principe d’anarchie sur lequel se basent les deux grandes approches systémiques des RI, à savoir, le réalisme structurel waltzien d’une part, et le constructivisme conventionnel, d’autre part. Ainsi, nous rendons hommage à la géopolitique, qui a pensé, dès sa genèse disciplinaire, ces phénomènes dans le cadre d’une vision différenciée du système international.  À travers l’étude d’un cas spécifique, que représente la grande stratégie de la République islamique d’Iran, ce travail constitue une première pierre à une étude comparatiste de la grande stratégie des États pivots.

,

Jury

,
    ,
  • M. Stéphane Dudoignon (Directeur de thèse), CNRS
  • ,
  • M. Thierry Braspenning-Balzacq (Directeur de thèse), Université de Namur
  • ,
  • M. Amine Ait-Chaalal, Université Catholique de Louvain
  • ,
  • Mme Delphine Allès, INALCO
  • ,
  • M. Hamit Bozarslan, EHESS
  • ,
  • Mme Nathalie Burnay, Université de Namur
  • ,
  • M. Frédéric Charillon, Université Clermont Auvergne
  • ,
  • M. Jean-Vincent Holeindre, Université Paris 2 – Panthéon Assas
  • ,
Partager ce contenu