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Paru(e) le

Transformations soviétiques et mémoires en Asie centrale

De l’« indigénisation » à l’indépendance

Lien(s) externe(s) Les Indes savantes
ISBN 13 978-2-84654-457-3
Thématique(s)Mémoire

Depuis la fin de l’URSS, le monde s’est aisément habitué à l’existence de quinze Etats différents se partageant l’espace ex-soviétique et il a considéré comme acquis que l’Ouzbékistan soit le pays des Ouzbeks et le Kirghizstan celui des Kirghizes. Il a semblé également logique que l’éclatement de l’URSS soit dû largement à son ingérable diversité, surtout quand y évoluaient de nombreuses populations musulmanes dont on estimait qu’elles avaient été globalement tenues en dehors des réseaux de pouvoir. Les développements politiques au sein de l’espace post-soviétique semblent aussi aller dans ce sens, notamment depuis l’accession de V. Poutine au pouvoir en Russie en 1999 : seule la Russie accepte de lier son nom à l’héritage étatique soviétique, avec lequel les anciennes républiques non russes se sont grandement distancées depuis 1991.

À sa fondation, l’URSS a systématisé le fait d’ériger certains conglomérats ethno-confessionnels et linguistiques en « fait national ». On désigna ces identités ethnolinguistiques et culturelles par les mots traduits en français par « nationalité », qui rend ce que nous appelons plutôt des ethnies. Avec le vote de la souveraineté puis de l’indépendance par les parlements des cinq RSS de la région, le « national » s’est servi des institutions soviétiques pour modifier son identité et en éliminer le soviétique. Il est donc nécessaire d’observer comment l’Empire, tsariste puis soviétique, a conçu les relations du centre avec ses « indigènes » et les interrelations, parfois inattendues et surprenantes, qui se sont développées en un siècle.